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Notre Propre Guérison

Extrait de « Healing the Cause » par Michael Dawson.

Les pages références sont d’«Un Cours en Miracles»
T=Texte  L=Livre d’Exercices  M=Manuel des Enseignants
S=Song of Prayer (Le Chant de la Prière)  P= Psychologie (Suppléments UCEM)

Chapitre 5

Si nous décidons de suivre l'avis de l'ego et de tomber malade, nous nierons dès l'instant suivant avoir pris une telle décision. Personnellement, je me souviens très nettement d'un jour où j'ai pris conscience de ce choix qui m'était offert - tomber malade ou non.

Alors que je parlais à un groupe, je notai les signes avant-coureurs d'un rhume. Je pensai donc qu'il me faudrait aller prendre quelque remède, mais j'entendis immédiatement une « voix » me dire : « Attention ! Si tu fais cela, ton rhume pourrait bien s'en aller... » Ce fut un choc de découvrir qu'une partie de moi-même désirait ce rhume. Je pouvais aussi voir les « avantages » que me procurerait cette maladie. Je me voyais déjà pelotonné bien au chaud dans mon lit, avec une pile de bons livres que je n'avais jamais trouvé le temps de lire. Cela me donnerait également l'occasion de souffler un peu et de me reposer de ce que je considérais comme une lourde charge de travail. Je déterminai de décider délibérément si j'allais tomber malade ou non. Me saisissant de mon agenda, je passai en revue les rendez-vous prévus pour les jours suivants. Je m'aperçus alors que plutôt que de me mettre au lit, et en dépit de tout l'attrait des livres qui m'attendaient, je désirais maintenir ces rendez-vous! Les jours suivants, je ressentis quelques légers symptômes de rhume, mais sans que cela nuise à mon travail. Selon la terminologie du Cours, j'avais choisi le miracle. Cela m'avait permis d'abandonner le système de pensée de l'ego qui faisait de moi une victime des circonstances et à la place, de regarder la situation par les yeux du Saint-Esprit et de me pardonner.

Nous commençons par « regarder » dans notre esprit, puis projetons ce que nous y trouvons sur les circonstances du monde. Pour pardonner, à nous-même comme à autrui, il nous faut choisir de regarder par les yeux du Saint-Esprit, et non par le système de pensée de l'ego.

Un soir, peu avant de nous endormir, Salice et moi nous sommes disputés. Mon ego me dit que j'avais été injustement traité et devrais couper avec elle, en cessant de communiquer. Apparemment, l'ego de Salice lui avait donné le même conseil car maintenant, aucun de nous deux ne parlait à l'autre! Je me levai et me rendis à la salle de bains. Là, je vis un paquet de cartes reprenant les leçons du Livre d’Exercices et ressentis l'impulsion d'en prendre une. La leçon en question avait pour titre - « Je pourrais voir de la paix au lieu de cela » (L-34). J'enregistrai le sens de cette phrase et simultanément, une autre phrase du Cours me revint à l'esprit: « Préfères-tu avoir raison, ou être heureux? » (T663; T-29.VII.1:9) Je considérai les deux options pendant un moment, puis décidai - « Je préfère avoir raison », et reposai la carte. Malheureux comme les pierres mais fort de mon bon droit et jugeant ma souffrance justifiée, je retournai me coucher en silence et m'endormis.

Au réveil, le lendemain matin, je me sentais séparé de Salice, tout comme elle de moi. En entrant dans la salle de bains, je me souvins avoir lu la carte d'une leçon la veille au soir. Par curiosité, je relus le titre : « Je pourrais voir de la paix au lieu de cela », et me souvins du choix qui s'offrait à moi - avoir raison ou être heureux. J'eus envie de partager tout cela avec Salice. Je la trouvai assise à la table du petit déjeuner, silencieuse; je m'assis près d'elle. « Je voulais te dire, commençai-je, que de mon côté, je ne gère pas très bien cette dispute. » A ces mots, Salice fondit en larmes et nous avons alors commencé à partager franchement ce que chacun de nous avait ressenti.

Chacun a ainsi pu comprendre la peur de l'autre, et nous nous sommes rapidement retrouvés dans un état d'ouverture, d'attention et de tendresse réciproques. Selon les termes du Cours, nous nous étions réunis et avions trouvé la paix. Dans ces moments-là, je me demande toujours pourquoi je choisis d'avoir raison et non pas d'être heureux. Mais je sais aussi qu'il me faut maintenant moins longtemps avant de pardonner. Ce qui jadis m'aurait hérissé pendant des jours peut maintenant ne durer que quelques heures. Je sais également que certains sujets qui par le passé m'auraient fait souffrir, aujourd'hui ne m'affectent plus. Notre progression sur le chemin spirituel peut se mesurer au nombre de journées passées à écouter l'ego par rapport à celles où nous avons le Saint-Esprit.

Un jour, seul le Saint-Esprit emplira notre esprit et il n'y aura plus alors ni choix ni tentation, car il n'y aura plus deux voix entre lesquelles choisir. Le décideur aura disparu avec l'ego, et le Saint-Esprit emplira notre esprit de la sagesse et de l'amour de Dieu. Nous saurons tout naturellement quoi faire d'instant en instant. C'est là tout l'objectif du Cours, qui présente cet état comme étant le monde réel. Pour y parvenir, nous devons pratiquer le pardon, encore et encore, jusqu'au moment où enfin nous verrons qu'il n'y a rien à pardonner.

Pardonne au monde, et tu comprendras que rien de ce que Dieu a créé ne peut avoir une fin, et que rien n'est réel de ce qu'Il n'a pas créé. Dans cette seule phrase notre cours  est expliqué. Dans cette seule phrase notre pratique trouve sa seule direction. Et dans cette seule phrase tout le curriculum du Saint-Esprit est spécifié exactement tel qu’il est. «Un Cours en Miracles»  (M-54 ; M20.5-7-10)

Comment pardonner ?

Il est impossible de pardonner à quelqu'un d'autre, car ce ne sont que vos péchés que vous voyez en lui. Vous voulez les voir là, et non pas en vous. C'est pourquoi le pardon d'autrui n'est qu'une illusion (Chant de la Prière)(S2.1.4:2-4)

Nous ne pouvons entamer le processus du pardon qu'à partir du moment où nous voyons combien nous sommes semblable à celui à qui nous désirons pardonner. A l'inverse, quand nous ne pouvons pas pardonner à quelqu'un, c'est parce que nous sommes incapable de nous pardonner ce même problème, bien que celui-ci puisse prendre une autre forme. Par exemple, une femme ne supportera pas les explosions de colère de son mari, elle-même ne se laissant jamais aller à de tels éclats. Mais si cette femme n'aime pas les emportements de son mari, c'est parce qu'ils lui renvoient sa propre colère non pardonnée. Sa colère à elle est en effet tout aussi forte, mais se manifeste sous une autre forme: quand elle se sent irritée, cette femme va peut-être se replier sur elle-même et se couper émotionnellement de ceux qui l'entourent, réprimant ainsi sa colère ; ou bien elle va exprimer agressivement sa rage lorsqu'elle se retrouve seule - comme nous sommes nombreux à le faire quand un autre automobiliste change de file sans prévenir ou freine brusquement; là, bien à l'abri dans l'intimité de notre voiture, nous ne nous privons guère de hurler ou de jurer à ce grossier personnage!

Le pardon reconnaît que ce qui nous a été fait (selon notre perception), c'est nous, en réalité, qui nous le sommes fait à nous-mêmes, car nous sommes la seule personne à pouvoir nous priver de la paix de Dieu. Nous pardonnons aux autres ce qu'ils ne nous ont pas fait, non ce qu'ils nous ont fait, enseigne le Cours, et le vrai pardon reconnaît dans une attaque un appel à l'amour. Le pardon constitue donc un renversement de notre perception. Notre seul problème réside dans notre croyance en la séparation d'avec Dieu; notre seule guérison réside dans une union par le pardon.
Les trois stades du pardon

Kenneth Wapnick a identifié dans le Cours trois stades, ou étapes, sur la voie du pardon. Cette classification est fort utile pour comprendre la nature du vrai pardon.

Tout d'abord, nous devons ramener à nous ce que nous avons projeté sur le monde et assumer la responsabilité de notre souffrance (Figure 4.2 ci-contre). Nous faut cesser de pointer sur les gens et les situations ce doigt accusateur qui leur reproche de nous avoir blessé, et voir que ce ne sont que des miroirs qui nous renvoient ce que nous n'avons pas guéri et pardonné en nous-mêmes. En fait, ces personnes et ces situations méritent d'être remerciées pour nous avoir montré ce qui se trouve dans notre inconscient. Sans elles, nous ne verrions pas les forces qui nous gouvernent.

figure 4.2

Le secret du salut n’est que ceci: que tu te fais cela à toi-même. Peut importe la forme de l'attaque, cela reste vrai. Qui que soit qui prend le rôle de l'ennemi et de l'attaquant, c’est encore la vérité. Quoi que ce soit qui semble être la cause de n’importe quelle douleur ou souffrance que tu ressens, cela est encore vrai. Car tu ne réagirais pas du tout aux figures dans un rêve, si tu savais que tu rêvais. Laissez-les être aussi haineuses et méchantes qu’elles le veulent; elles ne pourraient pas avoir d’effet sur toi, à moins que tu ne manques de reconnaître que c’est ton rêve.
(T-630; T-27.VIII.10)

Nos attaques ne se limitent pas aux personnes qui ne se comportent pas « comme il faudrait » et agissent manifestement à partir de leur ego. Nous sommes également capables d'attaquer des êtres qui ne nous ont rien fait. Récemment, j'ai regardé à la télévision un documentaire sur la vie de Mao Tsé-toung. Au moment de la révolution culturelle, il incita les classes ouvrières à rechercher et persécuter les figures d'autorité. Dans un certain village, les habitants se trouvèrent confrontés à un grave problème: ayant déjà tué le seigneur du village plusieurs années auparavant, comment allaient-ils pouvoir obéir ? Le documentaire précisait que les paysans avaient tué plus d’un million de notables après l'arrivée de Mao au pouvoir. Mais les villageois se souvinrent que le seigneur avait un fils. Bien que celui-ci n'ait occupé aucune fonction de pouvoir ou d'autorité dans le village, vivant comme l'un d'entre eux, ils allèrent le chercher et le torturèrent jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Cette anecdote illustre nettement le besoin de notre ego de trouver la faute à l'extérieur de nous-même. Nous voulons trouver le péché dans le monde, de façon à avoir quelque chose sur quoi accrocher nos projections. Si nous regardions pleinement le système de pensée de l'ego et son absurdité, nous ne lui obéirions plus. C'est parce que nous ne regardons pas profondément en nous que l'ego peut se perpétuer; et comme il le sait, il nous exhorte à rechercher la cause de notre détresse dans le monde.

Le Cours nous rappelle que « ... pour l'ego, les non coupables sont coupables » (T257; T-13.11.4:2). Usurper le pouvoir de Dieu, détruire le Ciel et remplacer la création de Dieu, tout cela est un péché - nous devons nous sentir coupable. Ne pas éprouver de culpabilité revient à invalider l'ego et lui dire que sa création est une illusion. Si, comme Jésus, nous ne nous croyons pas coupable, nous commettons là le plus grand péché possible contre l'ego, péché qui à ses yeux mérite la mort. C'est pourquoi Jésus a été tué, bien qu'il n'ait fait de mal à personne.

L'ego nous incite à attaquer tout le monde, que ces personnes nous aient ou non attaqué. Il faut que nous voyions le péché dans le monde, pour ne pas avoir à nous interroger sur le système de pensée de notre ego. C'est pourquoi nos journaux et nos informations télévisées regorgent de mauvaises nouvelles. C'est cela que nous voulons lire et voir, de façon à pouvoir dire: « Ce sont eux les méchants, pas moi. Ce sont eux qui méritent le châtiment de Dieu, pas moi. Ce sont eux qui provoquent la souffrance dans le monde, pas moi. »

Toutefois, en recherchant activement des ennemis au-dehors, nous renforçons la culpabilité enfermée dans notre esprit, bouclant le cercle vicieux de culpabilité et d'attaque de l'ego. Il est si difficile de sortir de ce piège que sans l'aide du Saint-Esprit, nous ne pourrions jamais y parvenir. Mais avant que le Saint-Esprit puisse guérir notre esprit, il nous faut d'abord découvrir ce qui a besoin d'être guéri. Si nous pensons que le problème se trouve dans le monde et non en nous, le Saint-Esprit ne peut rien pour nous.

Cependant, quand nous découvrons qu'il n'y a rien ni personne à blâmer « dehors » et que le problème se situe en nous, un nouveau piège nous attend: nous allons généralement culpabiliser - et cela, parce que nous prenons la décision d'écouter notre ego, lequel a une très mauvaise opinion de nous. Nous devons nous sentir coupable pour nos péchés, insiste l'ego qui tient à ce que nous prenions au sérieux le monde de la séparation. Il est très facile de tomber dans le piège du jugement tendu par l'ego. Or la culpabilité appelle le châtiment, et cette pensée nous empêche de nous libérer de notre souffrance. Pour l'ego, peu importe que nous rejetions la cause de notre malheur sur le monde ou sur nous-même: dans les deux cas, nous renforçons notre croyance dans son système de pensée, assurant ainsi sa survie - et c'est là tout ce qui lui importe.

A la seconde étape du pardon (Figure 4.3) nous commençons à voir combien nous sommes attaché à notre culpabilité. Lorsque nous commençons à rompre avec notre statut de victime, nous avons véritablement l'impression de nous immoler et nous allons vouloir nous accrocher à notre colère, notre jalousie ou notre envie.


fig 4.3

 

La culpabilité a beau être douloureuse, nous la connaissons bien et nous la préférons à la responsabilité accrue qui nous incombera lorsque nous perdrons notre attachement à être une victime. A ce stade, nous pouvons choisir de décider que la culpabilité ne nous sert plus et que nous voudrions la voir disparaître. Mais nous sommes tellement identifié à notre faux moi, notre ego, que nous ne savons pas comment nous défaire de notre culpabilité. A titre d'exemple, imaginons un couple dont la femme reproche au mari d'être jaloux.

La femme est irritée contre son mari, elle ne supporte pas son tempérament jaloux. Le mari nie, affirmant que ses soi-disant crises de jalousie ne sont que des manifestations d'amour. La femme est exaspérée par la possessivité de son époux, mais inconsciemment cela lui plaît et la flatte car elle voit une preuve d'amour dans ce besoin maladif qu'il a d'elle. Un jour, le mari découvre que ce sont ses propres pensées d'insécurité qui suscitent sa jalousie et que sa femme n'est pas la cause de son chagrin. Il voit aussi que s'il se pardonne et laisse sa jalousie s'en aller, sa femme risque de penser qu'elle a perdu son « amour », et que cela pourrait bien mettre fin à leur relation. Là, son ego va s'engouffrer dans la brèche et lui conseiller de rester jaloux afin de ne pas tout perdre.

Le mari se retrouve maintenant devant un grave dilemme car à ses yeux, permettre à sa jalousie de s'en aller équivaut à signer son arrêt de mort. Ce deuxième stade du pardon peut être plus difficile à franchir que la prise de conscience requise à la première étape. Si malgré tout cet homme choisit d'écouter le Saint-Esprit, il comprendra que la guérison de sa jalousie le fera progresser vers la paix. Sa femme le quittera peut-être, mais il aura préparé la voie pour rencontrer désormais des personnes qui ne confondent pas jalousie et amour.

Notre petit désir de changer, de modifier notre perception, ouvre la voie à la troisième étape du pardon. A ce dernier stade, nous permettons au Saint-Esprit de dissoudre notre culpabilité, par Sa lumière et Sa paix. La prière ci-dessous, que le Cours nous exhorte à utiliser chaque fois que nous ne sommes pas joyeux, contient les trois étapes du pardon.

J'ai dû prendre la mauvaise décision, car je ne suis pas en paix.
J’ai pris la décision moi-même, mais je peux aussi prendre une autre décision.                                                                                              
Je veux prendre une autre décision, parce que je veux être en paix.                                    
Je ne me sens pas coupable, parce que le Saint-Esprit défera toutes les
conséquences de ma mauvaise décision si je Le laisse défaire.                                                                         
Je choisis de Le laisser défaire, en Lui permettant de décider de choisir Dieu pour moi.                                                                                        (T96; T-5.VII.6-7-11)

Les deux premières phrases de cette prière décrivent la première étape du pardon, nous invitant à assumer ce que nous ressentons. Si la paix nous a quitté, c'est parce que nous nous en sommes privé- non parce qu'on nous en a dépossédé. La troisième phrase renvoie à la deuxième étape du pardon - La décision a été prise de voir nos péchés comme des erreurs qui peuvent être corrigées. A ce stade, nous cessons d'écouter ce que nous dit l'ego – que nous sommes coupable et méritons d'être puni - et choisissons à la place de faire guérir nos erreurs. La dernière phrase de la prière décrit comment le Saint-Esprit va venir guérir notre esprit dès que nous L'aurons invité en nous (Figure 4.4, page suivante).

Les deux premiers stades du processus de pardon nous incombent. Au premier, nous reprenons nos projections et cessons de juger le monde. Puis nous cessons de nous juger et demandons de l'aide, ouvrant ainsi la voie au troisième stade qui, lui, est pris en charge par le Saint-Esprit. Nous avons convié Sa lumière dans l'obscurité de notre culpabilité et Il la dissout par Sa seule présence, tout comme une pièce obscure ne peut rester dans le noir si l'on allume la lumière. Cette analogie nous permet d'ailleurs de constater que c'est la lumière qui est réelle, l'obscurité n'étant que l'absence de lumière. Il est en effet impossible d'introduire une « lumière noire » dans une pièce lumineuse pour assombrir cette pièce ; mais on peut emplir de lumière une pièce sombre.

Chaque fois que nous acceptons d'inviter le Saint-Esprit dans notre esprit, le monde de ténèbres de l'ego ne peut que disparaître dans le néant - ce néant qu'en réalité il est. Il est souvent difficile de se souvenir que l'amour du Saint-Esprit est toujours présent, attendant de répondre à toute demande d'aide authentique. Par contre, il est très facile de se laisser piéger à croire que nous devons régler nous-même tous nos problèmes. Notre ego est fermement convaincu qu'il sait comment procéder.

 Le Cours, cependant, affirme exactement le contraire: tout ce que sait faire l'ego, c'est créer des problèmes et si nous voulons connaître la paix, nous devons solliciter une aide extérieure à son système de pensée. Ce troisième stade du pardon nous rappelle que seul le Saint-Esprit peut nous aider. La seule responsabilité qui nous incombe consiste à comprendre que nous nous sommes privé de notre paix et que nos pensées erronées peuvent être corrigées par le Saint-Esprit, pour peu que nous L'invitions en nous.

J'ai vécu il y a quelque temps une expérience qui illustre ces trois étapes du pardon. Je souffrais depuis deux jours d'une douleur dans la poitrine. Cette douleur n'avait rien de nouveau, je l'avais déjà ressentie de nombreuses fois au cours de ma vie. Elle apparaissait lorsque je me sentais injustement traité, et pouvait se prolonger trois jours durant. Cette douleur faisait peser sur moi un intense sentiment de tristesse et de lassitude. Allongé sur mon lit et me demandant pourquoi je devais encore en passer par là, je décidai de chercher avec sincérité quels  «avantages » j’en tirais - car je savais qu'il ne pouvait en être autrement en cette situation.


fig4.4
 

Ce nouvel état d'esprit ne tarda pas à révéler un plaisir exquis, celui de m'apitoyer sur mon sort, mêlé au désir de fermer mon cœur afin que l'on n'attende plus de moi de tellement me dévouer pour les autres. Je ressentis alors que je ne voulais plus porter cette douleur et que j'étais prêt à la laisser partir ; j'étais prêt à accepter la responsabilité accrue qui allait en découler - et qui désormais ne m'apparaissait plus comme un sacrifice. Cette douleur ne me servait plus, je pouvais la rendre. Je concentrai ma nouvelle vision des choses et mon consentement dans la région du cœur et offris la douleur au Saint-Esprit. Je lui demandai de la prendre, sachant qu'il aurait de la joie à la recevoir. A ma grande surprise, la douleur disparut en moins d'une minute. Pour être franc, je craignais qu'elle ne revienne à tout moment. Mais il n'en fut rien, et je n'ai plus jamais connu une telle douleur persistante dans la poitrine. Je me souviens avoir vu des panneaux publicitaires portant le message suivant.

 « Remettez vos fardeaux au Seigneur. » C'est totalement impossible, m'étais-je alors dit, cela ne peut pas fonctionner. C'était à moi, je n'en doutais pas, de tout régler dans ma vie. Mais au fur et à mesure qu'ont grandi ma perception et ma conscience du Saint-Esprit, j'ai compris quel amour Il doit nous porter et comment Il voit nos activités; comme une mère dont l’enfant fait un cauchemar. La mère ne condamne pas le contenu du cauchemar, et s'efforce de réveiller son enfant le plus doucement possible. Comme Dieu aimerait encore plus, si seulement nous Le laissions faire, enlever ces cauchemars que nous nous sommes fabriqués! Pour pratiquer le pardon, nous devons d'abord cesser de juger le monde, puis cesser de nous juger nous-même. Ainsi nous réduirons les défenses de l’ego et l'amour et la lumière du Saint-Esprit dissoudront automatiquement notre culpabilité.

Quand, par la pratique du pardon, nous nous serons autorisé à nous réveiller des cauchemars de notre ego, nous découvrirons que nous sommes toujours le même, tel que Dieu nous a créé, éternel et parfait, et que rien ne peut nous blesser. Dans ces conditions, que restera-t-il à pardonner ? Comme il est écrit dans le Cours : « ... et que dans le pardon complet, où tu reconnais qu'il n'y a rien à pardonner, tu es absous complètement  - (T- 343; T-15.VIII.1:7). Mais cette prise de conscience - que le pardon est une illusion - ne survient pas avant la fin du processus de  pardon. Tant nous croyons être séparé de Dieu, le pardon est une illusion utile, qui nous éveillera de toutes les illusions

Notre résistance au pardon

Les personnes qui commencent à étudier le Cours croient souvent qu'en pratiquant ses enseignements, leur vie va immédiatement devenir plus douce et plus sereine. Mais il n'en est pas toujours ainsi. L'on peut même, en fait, avoir le sentiment que, loin de s'améliorer, les choses ne font qu'empirer. En effet, avant de pratiquer les principes exposés dans le Cours, ces personnes avaient probablement coutume d'écouter la voix de l'ego et de nier leur culpabilité, pour ensuite la projeter sur leur entourage. Or maintenant, elles essaient de rendre conscient leur inconscient, première étape du processus qui va rompre le déni et offrir leur culpabilité à la lumière du Saint-Esprit afin qu'Il la pardonne. Devenir conscient des ténèbres de notre ego n’a rien d'aisé ni de confortable.

Les principes de pardon décrits dans le Cours sont relativement simples à comprendre et nous serons grandement récompensés de leur mise en pratique. Mais il est tout aussi vrai qu'il est très difficile pour la plupart d'entre nous de reconnaître notre souffrance et de demander de l'aide. Pour nous aider à en comprendre la raison, le Cours s'attarde longuement sur l'habileté et la sournoiserie de l'ego. Car le mur de déni que nous avons érigé nous laisse dans une ignorance aveugle de sa façon de fonctionner. Le Cours nous convie donc à regarder derrière ce mur et à apprendre à rire gentiment de ce que nous y trouvons.

En pratiquant le pardon, nous atténuerons l'importance que nous avons octroyée à l'ego. Mais nous nous sommes tellement identifié à son système de pensée, que nous avons l'impression de sacrifier quelque chose qui nous est très cher. Comme nous exposerons nos ténèbres (les illusions) à la lumière (la vérité), nous passerons, nous dit le Cours, par des périodes troublées». Il est impossible d'échapper à ces temps de déstabilisation, de tourments et d'angoisse lorsque nous passons du système de pensée de l'ego (le désordre) à celui du Saint-Esprit (l'ordre).

D’abord, ils [les enseignants de Dieu] doivent passer par ce qui pourrait être appelé une «période de défaire». Cela n'a pas besoin d'être douloureux, mais d’ordinaire c'est ainsi que l’expérience est ressentie. C’est comme si des choses leur étaient enlevées, et il est rarement compris au début, que c’est simplement leur manque de valeur qui est reconnu. (M9; M-4.1.3-.1-3)

Cette citation est extraite d'une section décrivant les six étapes du développement de la confiance. Jésus nous prévient qu'en règle générale, quatre d'entre elles paraissent difficiles et qu'il ne faut pas sous-estimer les défis qui jalonnent la croissance spirituelle.

Il convient donc de regarder de plus près notre investissement dans l'ego et ce qu'il semble nous offrir. Notre pratique du pardon deviendra plus facile au fur et à mesure que nous commencerons à remettre en question les « cadeaux » qu'il nous tend. L'ego nous dit que nous sommes la personne la plus importante du monde. Nous avons des besoins spéciaux qui doivent être satisfaits et nous sommes en droit d'avoir recours à n'importe quel moyen pour y parvenir. Selon le Cours, ce « bon droit » prend sa source dans une croyance absurde - ces choses dont nous avons besoin nous manquent parce qu'elles nous ont été volées (voir « Les Lois du Chaos », chapitre 23 du Texte). Cette conviction enregistrée dans notre inconscient justifie l'usage de tous les moyens pour reconquérir ce qui, pensons-nous, nous revient de droit. Le pardon enseigne tout autre chose: nous avons échangé le souvenir de notre réalité spirituelle contre l'expérience de l'individualité - le besoin de se sentir spécial et différent des autres.

Notre décision d'oublier notre vraie condition, un état d'unité au sein de l'Esprit Un de Dieu, ne pouvait que donner naissance à la rivalité et au jugement. Pour maintenir notre sentiment d'individualité, nous devons continuellement nous comparer aux autres et chercher des différences. Si nous rencontrons quelqu'un qui d'une façon ou d'une autre semble meilleur que nous, nous devons, soit en faire un ennemi, soit le placer sur un piédestal et donner l'impression de le tenir en grande estime. Cependant, à un niveau plus profond de notre esprit, nous le détesterons d'être meilleur que nous. « Seuls les particuliers peuvent avoir des ennemis, car ils sont différents et non les mêmes. Et toute espèce de différence impose des ordres de réalité, et un besoin de juger auquel il est impossible d'échapper », dit le Cours (T.536; T-24.I.3:5-6, Lorsque nous rencontrons une personne que nous jugeons inférieure à nous, il existera un désir de maintenir cette personne dans son infériorité afin de pouvoir, par comparaison, paraître supérieur. Voici comment le Cours décrit cette dynamique :

Face à la petitesse que tu vois en lui, tu te tiens grand et majestueux propre et honnête, pur et sans souillure par comparaison avec ce que tu vois. Et tu ne comprends pas non plus que c'est toi-même que tu diminues ainsi.      (T-538; T-24.11.1.6-7)

Cette citation nous rappelle donc que lorsque nous faisons des comparaisons et attaquons nos frères, c'est également nous que nous attaquons. Et comme nos attaques sont toujours axées sur le corps ou le comportement de quelqu'un d'autre, notre croyance dans la réalité du corps est renforcée et notre conscience de l'esprit, affaiblie.

« Tu voudrais t’opposer à ce cours parce qu'il t’enseigne que toi et ton frère êtes pareils», déclare le Cours (T-537; T-24.1.8.6). Le pardon nous enseigne en effet que nos ego sont tous semblables, tout comme notre nature de Christ. Or c'est bien là la dernière chose que souhaite entendre notre ego. Pour conserver son désir d'être spécial, l'ego doit absolument percevoir des différences entre lui et les autres. Quand vous êtes invité à une soirée, vous n'avez aucune envie de voir un autre invité arborer la même tenue que vous!

Notre désir originel de nous séparer et d'être différent de Dieu se perpétue dans notre désir d'être séparé des autres. Le pardon abolirait cette pensée et finirait par nous rendre la conscience de notre unité avec Dieu et nos semblables. Pour l'ego, il s'agit là d'un acte de trahison qui mérite d'être puni. Le retour de cet état d'unité dans notre conscience signifiant sa mort, l'ego doit le combattre de toutes ses forces.

Tout ce que tu fais trompe l'ego, surtout lorsque tu réponds au Saint-Esprit parce qu’alors sa confusion augmente. Par conséquent l'ego est particulièrement susceptible de t’attaquer lorsque tu réagis avec amour, parce qu’il ta évalué comme étant non aimant et tu vas à l’encontre son jugement. L'ego s’attaquera à tes motifs dès qu'ils ne s’accorderont nettement plus avec la perception qu’il a de toi. Son incertitude s'étant accentuée, il passera alors brusquement de la méfiance à la malveillance. (T-l89; T-9.VII.4:4-7)

Il peut parfois nous arriver de nous sentir ouvert à l'amour du Saint-Esprit et empli d'un profond sentiment de paix et de bien-être. Nous allons même jusqu'à penser que cet état ne disparaîtra jamais. Mais le lendemain matin, nous nous réveillons déprimé, nous sentant seul, et nous nous demandons pourquoi les choses ont tellement changé. L'explication de ce revirement est très simple. Notre ego nous a entretemps persuadé qu'il est dangereux de continuer à écouter le Saint-Esprit. Il est plus sûr pour nous de rester tel que nous sommes, nous rappelle-t-il, car changer demandera un sacrifice; pire encore, il y a au bout du chemin un dieu vengeur qui nous attend, prêt à nous punir de tous nos péchés. Si nous suivons le chemin du pardon, poursuit l'ego, il nous faudra regarder les ténèbres et toute l'horreur qui règnent dans notre esprit, et nous ne survivrons pas à cette expérience.

Le chemin qui mène au pardon n'a rien d'aisé, mais son succès est garanti par Dieu car c'est Sa volonté que nous revenions à Lui.

Le faux pardon

Aucun don du Ciel n'a été plus mal compris que le pardon. A vrai dire, le pardon est devenu un fléau; une malédiction - alors que ce devait être une bénédiction; une cruelle dérision de la grâce, une parodie de la sainte paix de Dieu.     (Le Chant de la Prière, S-2.1.1.1-2)

Le livret Song of Prayer (Le Chant de la Prière) décrit un certain nombre de concepts erronés mais courants à propos du pardon, regroupés sous l'appellation de « pardon-qui-détruit » forme de pardon que l'on pourrait appeler « plus-saint-que-toi ». La personne offensée adopte une attitude de supériorité spirituelle et d'apparente charité, et décide de « pardonner » à l'individu inférieur qui l'a froissée. « Parce que mon cœur est bon, lui dit-elle, je te pardonne ce que tu m'as fait, mais ne recommence pas. » Toutefois, celui qui   pardonne » ainsi ne voit pas que le problème se trouve en lui et perd une occasion de se guérir de ce que l'autre personne lui renvoie.

Le «pardon-qui-détruit, revêt de nombreuses formes, car c'est une arme du monde de la forme. Ces formes ne sont pas toutes manifestes, et certaines sont soigneusement dissimulées sous ce qui ressemble à de la charité.                                           (Le Chant de la prière- S-2.11.1.1-2)

Autre forme de faux pardon - le « saint martyr ». Là, la personne est persuadée d'être un pécheur et de mériter la punition de Dieu, qu'elle accepte sans se défendre et avec toutes les apparences de l'humilité. Cette attitude n'indique cependant qu'une seule chose: que cette personne croit en l'ego et non en Dieu, car seul l'ego nous dit que nous avons péché. Nous cherchons parfois activement à être martyrisé, afin de pouvoir afficher notre «sainteté» aux yeux de tous. Reste que derrière une façade d'acceptation souriante, grondent la colère et l'amertume que nous ressentons envers l'autre personne. L'ego utilise ainsi le faux pardon pour renforcer notre croyance en lui.

Une autre forme de «pardon-qui-détruit» repose sur le marchandage et le compromis. Tant que l'autre personne satisfait la plupart de nos besoins, nous sommes prêt à lui pardonner ses transgressions à notre égard. Mais quand nos besoins ne sont plus satisfaits, il n'y a plus aucune raison de lui pardonner et notre haine refoulée remonte à la surface sous la forme d'une attaque.

Les relations sacrées

Quand tu t’approches d'un frère, tu t’approches de moi ; et quand tu t’éloignes de lui, tu m’éloignes de toi. Le salut est une entreprise qui repose sur la collaboration. Il ne peut pas être entrepris avec succès par ceux qui se désengagent de la Filialité, parce qu'ils se désengagent de moi. Dieu ne viendra à toi que lorsque tu Le donneras à tes frères.                                            (T-73;T-4.VI.8:1-4)

Les relations sont nécessaires pour nous montrer ce qui a besoin d'être guéri sous nos armures de déni. Ceci s’applique à toutes les formes de relation. Chaque fois que nous entrons en contact avec une autre personne, c'est une occasion qui nous est donnée de regarder en nous et d'oublier nos illusions sur nous-même. Sans ce miroir que nous offrent les autres, il serait impossible de découvrir toute la culpabilité que nous avons niée. Cette culpabilité que tout un chacun porte en lui est profondément ensevelie dans notre esprit et protégée par un rempart de déni. Et pour nous défendre encore davantage, nous projetons ce que nous nions sur le monde, et plus encore sur nos semblables.

Ce n'est pas nous qui avons un problème, nous dit l'ego, mais ceux avec qui nous sommes en relation. Pour le Saint-Esprit, ces mêmes personnes sont nos professeurs, car sans elles il serait impossible de voir ce que nous avons nié. Nous avons besoin de quelque chose qui soit extérieur à notre esprit fermé pour nous montrer ce qu'il s'y trouve réellement. Mais quand on nous montre quelque chose de nous-même que nous n’aimons pas, notre ego nous avise d'attaquer l'autre personne: c’est comme si nous lancions une brique dans une glace parce que nous n'aimons pas ce que nous y voyons !

Dans l'Antiquité, on utilisait des messagers pour transmettre les nouvelles importantes aux représentants du pouvoir. Il n'était pas rare, quand la nouvelle était mauvaise, que le messager soit exécuté. Pour ne pas assumer ce que le message provoquait en eux, ces hauts personnages projetaient la cause de leur souffrance et réagissaient comme s'ils avaient été attaqués par le messager. Tout pareillement, nos amis, nos ennemis, nos parents, amants, employés ou enfants nous apporteront constamment des messages exprimant ce que nous avons nié de nous-même et que nous leur reprochons.

Chaque fois que nous ressentons la moindre irritation en présence de quelqu'un, c'est que notre culpabilité cachée a été éveillée. Si, au lieu d'attaquer cette personne, nous demandions au Saint-Esprit de nous aider à retrouver la paix, nous briserions le système de pensée de l'ego. Notre désir d'une relation spéciale de haine serait converti en un désir d'une relation sainte. Alors, l'autre personne n'est plus notre ennemi, mais est devenue notre enseignant.

Sans toutes ces personnes agissant comme des miroirs à ce qui est verrouillé dans notre inconscient, nous aurions beaucoup de difficultés à détecter tout ce qui a besoin d'être pardonné en nous. Mais quand nous assumons nos sentiments, nous commençons à voir, avec l'aide du Saint-Esprit, que ce qui nous dérange dans le monde n'est rien d'autre qu'une réflexion de ce qui nous dérange à propos de nous-même.

Se comporter avec autrui de façon responsable et en abandonnant nos défenses, dans une rencontre faite de sincérité, de pardon, d'union et d'intérêt partagé (se réveiller du rêve de la séparation), c'est cela que le Cours appelle une relation sainte. Nous avons invité le Saint-Esprit dans notre relation. Un tel comportement est très difficile à maintenir, car il est à l'opposé de celui conseillé par l'ego. Il n'en reste pas moins que nous pouvons nous donner pour but de vivre une relation sainte et chercher à maintenir ce cap, tout en acceptant que nous allons maintes fois suivre le conseil de l'ego et de nouveau attaquer.

Ceci est tout particulièrement vrai au début d'une relation sainte, alors que l'ego cherche à nous convaincre de revenir à la relation particulière d'amour ou de haine que nous entretenions jadis. Tandis que le but de notre relation passe peu à peu de « particulier » à « saint », nous aurons souvent l'impression d'avoir perdu quelque chose d'important. « Mais où sont donc passées la romance et la passion ? » s'écriera l'amant. Ou bien le fils ou la fille dira. « Mes parents étaient tout pour moi, et maintenant ils ne semblent plus rien avoir de si spécial! » Quand notre désir d'avoir des personnes particulières dans notre vie commence à disparaître, l'ego nous préconise de revenir à ce qui jadis semblait si bien fonctionner.

La relation sainte, étape majeure vers la perception du monde réel, est apprise. C'est l'ancienne relation non sainte, transformée et vue à nouveau. ( ... ) La seule phase difficile est le début. Car là, le but de la relation est brusquement changé en l'exact opposé de ce qu'il était. (…) Ceci s'accomplit très rapidement, mais il semble ensuite la relation est perturbée, désaccordée et même très pénible. (...) Beaucoup de relations ont été rompues à ce stade et la poursuite de l'ancien but a été rétablie dans une autre relation(…). Tu trouveras de nombreuses occasions de blâmer ton frère pour «l'échec» de votre relation, car il semblera parfois       qu’elle n’a pas de but. le sentiment d’errer sans but viendra te hanter en te rappelant toutes les voies par lesquelles tu as cherché satisfaction auparavant et pensé l’avoir trouvée, et n'insuffle pas la vie à ton ego défaillant.        (T-388/389/390 ; T-17.V:2)

Kenneth Wapnick a souligné un point qu'il importe de bien comprendre : la relation sainte est certes une attitude que nous développons vis-à-vis d'autres personnes, mais il n'est pas indispensable d'être deux pour vivre ce mode de relation. Pour m'aider à reconnaître la véracité de cette déclaration, je m'imagine échouer sur une île déserte. Me serait-il alors impossible, n'ayant personne autour de moi, d'avoir une relation sainte ? Cette occasion de croissance me serait-elle alors interdite? Non. Car si je comprends que l'important, c'est mon état d'esprit vis-à-vis des souvenirs qui me restent de ceux qui peuplaient ma vie, je vois bien que le pardon dont j'ai besoin est toujours nécessaire. De la même façon, si une personne que je déteste venait à mourir soudainement, je pourrais toujours atteindre une relation sainte avec cette personne si j'apprenais à me pardonner.

Peu importe que votre partenaire ne partage pas votre recherche spirituelle. Il peut même manifester son hostilité envers vous, mais rien ne vous empêche d'entretenir une relation sainte avec lui. Apprendre à trouver la paix auprès d'une personne remplie de colère ne peut qu'accélérer la croissance. N'entendons cependant pas par là que nous devions rester avec quelqu'un auprès de qui nous ne nous sentons plus en accord! Le Saint-Esprit ne se soucie pas de la forme de la relation - nous pouvons aussi bien rester ensemble que nous séparer; ce qui lui importe, c'est que nous apprenions nos leçons de pardon.

Jésus vit une relation sainte avec tout le monde, que la personne soit engagée ou non dans une relation sainte avec lui. C'est pour cela qu'il a pu rester serein tout au long de sa capture, de son procès et de sa crucifixion. Même quand les soldats lui enfonçaient des clous dans le corps, il ne pouvait voir que des Fils de Dieu endormis et en mal d'amour. Cet amour, il le leur donna en ne les attaquant pas, en ne se défendant pas. Se sachant esprit sans forme et éternel, et non un corps, il savait qu'il ne pouvait pas être attaqué et n'avait donc nul besoin de se défendre. Ce n'est que lorsque nous nous identifions au corps que nous avons besoin de nous défendre. Quand nous en viendrons à prendre conscience de notre vraie nature et à voir que « Rien de réel ne peut être menacé » (Introduction, Texte), nous connaîtrons la même paix que Jésus.

J'ai entendu un jour une histoire qui illustre avec force ce que sont réellement le pardon et une relation sainte. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors que les Alliés libéraient un certain camp de concentration, ils découvrirent un prisonnier qui semblait relativement en bonne forme, compte tenu de ce qu'il venait de vivre. Ils supposèrent qu'il ne se trouvait dans ce camp que depuis peu de temps. Lorsqu'il leur apprit qu'il était là depuis quatre ans, ils le soupçonnèrent de collaboration avec les Allemands. Cependant, quand ils virent tout le respect que lui témoignaient les autres prisonniers, ils se dirent qu'il devait y avoir une autre explication. Ils lui demandèrent donc de raconter son histoire.

Pendant la révolte des Juifs dans le ghetto de Varsovie, il avait été capturé avec sa femme et ses enfants. Les soldats avaient exécuté sa famille sous ses yeux, mais l'avaient épargné. Il les avait supplié de le tuer lui aussi et ils avaient refusé, expliquant que sa connaissance des langues pourrait être utile au camp de concentration. A ce moment-là, il avait su que s'il ne leur pardonnait pas, et donc ne se pardonnait pas lui-même, il deviendrait comme Hitler. Cet acte de pardon lui avait permis de percevoir la peur qui imprégnait les soldats et d'y voir un appel d'amour. Il avait accepté le jugement du Saint-Esprit. Durant toutes ces années passées au camp, il n'avait jamais perçu aucune différence entre victimes et bourreaux. L'un ou l'autre, tous vivaient dans la peur, tous demandaient son amour. Il n’avait pris le parti ni d'un côté, ni de l'autre, voyant tout le monde de la même façon. Ceci lui avait permis de conserver sa paix et sa force intérieures, en entretenant une relation sainte avec tous ceux qu'il rencontrait.

Cette histoire illustre aussi le fait que rien dans ce monde n'est bon ou mauvais, mais simplement neutre. Il n'existe rien qui ne puisse être utilisé par le Saint-Esprit comme une salle de classe où apprendre le pardon, la paix et la joie.

Tu n'as aucune idée de l'immense délivrance et de la paix profonde qui viennent d’une rencontre totalement dépourvue de jugement avec toi-même et avec tes frères.
(T50; T-3.VI.3-.1)